LA VISION DE L’AUTEUR

Ludovic SOULIMAN nous présente la genèse de cette histoire :

 » J’ai créé une nouvelle version de ce conte traditionnel, raconté depuis des siècles aussi bien en Orient qu’en Europe, pour en
changer la fin. En effet, habituellement, l’histoire se termine par le retour de l’épouse du roi au palais, après que sa ruse a poussé le roi à lui demander pardon, avant de la supplier de revenir avec lui. 

La reine accepte et tout rentre dans l’ordre patriarcal, où le roi a le pouvoir de la loi, et la femme, le pouvoir de la ruse. Mais finalement, rien ne change, la loi impose toujours à la femme de se taire et de n’avoir aucun droit.
J’ai entendu de nombreuses conteuses terminer ainsi cette histoire, et cela me dérangeait profondément à chaque fois.
On dit dans le monde des contes : « Lorsqu’une histoire te dérange, c’est qu’elle te parle et que tu dois la raconter à ta façon… »

C’est ce que j’ai fait avec Zohra, qui, pour ma plus grande joie, commence à être raconté par d’autres personnes en France. »



LE REGARD DE L’ILLUSTRATEUR

Joffrey TOUILLET, alias JingfengArt nous explique à travers cette vidéo la technique d’illustration qu’il a employée pour illustrer l’album. Depuis les crayonnés jusqu’à la couleur finale, en passant par le travail des lumières.

Le parcours de JingfengArt

Après les sciences de l’ingénieur au lycée, les études de langue et d’histoire à l’université et l’entrée en master de traduction, Joffrey Touillet, de son nom d’artiste, JingfengArt, réalise enfin ce qu’il veut vraiment faire : illustrer, peindre, dessiner et écrire…

C’est alors qu’il se lance, armé de sa seule passion, dans l’apprentissage des fondamentaux de la peinture et du dessin sur une école en ligne. Après près de trois ans à étudier des notions telles que la lumière et la théorie des couleurs, soit ses domaines de prédilection, il a enfin pu commencer à raconter des histoires à travers des illustrations fidèles à sa vision.
Zohra est son premier album.
Pour voir ses travaux et le retrouver sur les réseaux sociaux, son site, c’est ici !

Joffrey répond à nos questions et nous révèle un peu plus sa technique

I/ Quel matériel utilises-tu pour réaliser tes illustrations ?

 » J’ai étudié les fondamentaux du dessin et de la peinture en traditionnel et en numérique, mais je réalise mes illustrations pour les projets professionnels sur tablette numérique. Ce médium représente un investissement spontané, à travers l’achat d’une tablette, son stylet et quelques accessoires optionnels, mais permet d’éliminer les achats à répétition de peinture, de pinceaux, de toiles etc.

L’interface de l’application est très épurée, la quasi totalité de l’écran est dédiée à la toile, très peu de boutons, on s’approche ainsi de l’expérience du médium traditionnel. Le stylet offre 8000 niveaux de pression différents, il prend en compte l’angle de la pointe et la tablette réagit instantanément, aucune latence. La sensation de dessiner avec un crayon de manière précise est là. « 

II/ Quelle formation d’illustrateur as-tu suivie ?

  » J’ai débuté l’apprentissage des fondamentaux du dessin et de la peinture sur une “école” en ligne car je ne voulais pas attendre la rentrée suivante pour commencer. En effet, je venais d’abandonner mon master de traduction, c’était au printemps 2021. 

J’ai donc acheté le cours principal sur DigitalPainting.School. C’est une sorte d’école/communauté en ligne fondée par un illustrateur et concept artiste ayant plus d’une dizaine d’années d’expérience dans l’industrie de l’illustration et du design pour les jeux vidéos, les films, les romans, l’animation, etc. 

Beaucoup d’artistes avec une longue carrière finissent par enseigner leur connaissance à travers la création de cours en ligne.
Ce sont des collections de vidéos qui abordent la théorie des fondamentaux, leur application et qui proposent des exercices. On avance à notre rythme et on peut revenir sur les vidéos autant de fois que l’on souhaite. Une fois les exercices finis, on les poste sur le forum, tout le monde peut faire ses retours (même les autres “étudiants”), mais il y a toujours un mentor qui fait un retour détaillé pour soulever ce qui est bien et ce qui doit être travaillé.

Ma maîtrise de l’anglais m’a vite permis d’élargir mes horizons et de croiser les sources en achetant d’autres cours d’artistes encore plus talentueux et en suivant leur tutoriels gratuits sur youtube. C’est là que je me suis rendu compte que les fondamentaux sont toujours les mêmes. Quelque soit l’approche de chaque artiste, la base est commune. 

Enfin, il faut supprimer l’idée du don artistique de son esprit. Le talent n’est pas défini par quelques prédispositions pour visualiser un objet en volume sans sa tête, mais aux heures de travail dédiées à un apprentissage consciencieux et à la pratique régulière. Souvent, les gens ayant un “don” sont plus susceptibles de ne pas évoluer, se reposant sur leur acquis. En fait, dire à un artiste talentueux qu’il a un “don” n’est pas un compliment, car cela réduit toutes les années de travail fournies au simple fait d’être chanceux.  »

 III/ Quelles sont tes influences ?

« Pour répondre à cette question je pense qu’il est important d’aborder le style artistique, visuel ou graphique, on appelle cela comme on veut. Mais j’entends par là l’apparence concrète de nos créations : la forme des coups de pinceau, les couleurs utilisées, la présence de traits issus du croquis ou non etc. 

Quand on débute, on a qu’une idée en tête, avoir un style unique et reconnaissable qui nous distingue des autres. Ce à quoi les artistes expérimentés nous répondent que cela viendra tout seul, nul besoin de se concentrer là-dessus. Je dirais personnellement que la réponse est plus nuancée et qu’il est difficile d’y répondre tant le nombre de facteurs qui détermine l’apparence finale d’une image est élevé.

Voici les éléments principaux que j’ai relevé et leur origine : 

• Un décor inspiré de la Chine et du Japon, soit mes deux pays préférés.

J’adore l’architecture traditionnelle de ces deux pays. J’adore leur langue, j’ai étudié le chinois pendant 3 ans et à l’écrit, c’est ma langue préférée, je me souviens que j’adorais apprendre à écrire les caractères. J’adore représenter des artisans et artistes en plein travail, notamment des calligraphes.

  • Des personnages qui prennent l’air et des décors avec de la végétation.

Je vis en appartement et en région parisienne, mais je ne rêve que d’une chose, vivre à la campagne et au milieu de la nature. J’adore aussi le printemps, tout cela se ressent dans mes illustrations.
Les personnages vivent l’instant présent, il y a souvent une lumière qui s’infiltre à travers le feuillage d’un arbre et qui réchauffe l’atmosphère. Une brise légère soulève quelques feuilles pour rappeler les premiers jours de printemps.

  • Des animaux et créatures.

J’adore les animaux. Le renard est mon préféré, peut-être ai-je trop regardé Naruto ? Je les représente en tant que compagnons de mes personnages. Dans les histoires que j’écris, ils ne sont pas personnifiés. Mais leur niveau de conscience et leur mode de communication propre n’empêchent pas mes personnages de les voir comme une partie intégrante de la nature au lieu de se sentir obligés d’établir une hiérarchie. L’animal choisit toujours les humains qu’il côtoie et reste libre. Leur présence amplifie cet aspect “calme” que j’essaye d’apporter à mes illustrations. « 

IV/ Quel est l’illustrateur.trice, ou l’ouvrage qui t’a donné envie de faire ce métier ?

 » Être illustrateur et créer ma propre bande dessinée est un rêve depuis que j’ai connu les travaux de ces deux artistes : Hajime Isayama, le créateur du manga L’Attaque des Titans, et Kan Liu (ou artof666k sur internet et les réseaux), le meilleure artiste de l’univers tout entier selon moi.

      Pour ce qui est du style graphique, de la maîtrise de tous les fondamentaux et du storytelling dans l’illustration, Kan Liu est pour moi l’artiste le plus complet que je connaisse. J’ai appris énormément en analysant ses travaux, je lui dois mes connaissances en couleur, en lumière et en simplification des formes. 

Et pour couronner le tout, l’artiste chinois aborde mes thèmes préférés : des personnages heureux dans un monde légèrement fantaisie mais ancré dans le réalisme, avec une représentation de la culture et de l’artisanat en Chine, des animaux mignons et un peu de magie. 

Il maîtrise tous les styles visuels jusqu’au réalisme, mais choisit pour ses projet personnels de simplifier les formes de lumières, l’anatomie et autre à travers un équilibre parfait entre des dégradés doux et des coups de pinceau bruts.

Pour l’aspect écriture d’un monde, de ses personnages et d’un scénario, Hajime Isayama a selon moi écrit l’œuvre qui m’a le plus diverti. 


 Je suis toujours ravi de répondre à des questions concernant l’illustration et les arts visuels en général, n’hésitez pas à m’en poser directement sur Instagram ou par mail : 

Instagram : jingfeng.artMail : jingfeng.ar.contact@gmail.com

Je remercie la maison Utopique qui m’a offert l’opportunité de mettre un pied dans le monde de l’édition. Je suis infiniment reconnaissant, d’autant plus que la ligne éditoriale des ouvrages publiés me plaît tout particulièrement. En effet, les thèmes importants sont abordés à travers de magnifiques images ! Merci encore ! «